Cleve Nitoumbi & DJ Ketchup Afro – chorégraphie / musique

en résidence du 12 au 24 juillet 2021

sortie de résidence le 19 juillet à 19:00 – jauge limitée – uniquement sur réservation.

Projet : Une partie de moi…une partie de toi

production atelier des artistes en exil
avec le soutien du fonds de dotation Marie Thérèse Allier pour l’art contemporain

avec le soutien de la DGCA (Direction Générale de la Création Artistique.)

intention

Je suis né en Ukraine suite à un déplacement. Dans le cadre des nombreux partenariats universitaires que l’Union soviétique entretenait avec les pays africains, mes parents sont venus du Congo faire leurs études en Ukraine, avant que cette dernière n’est réclamée son indépendance. Ces accords avaient été particulièrement été importants dans les années 1960 au moment de la décolonisation. Ils répondaient au besoin de formation de cadres tout en faisant la promotion idéologique du communisme. Mes parents fuyaient un pays en guerre, nourrissant l’espoir d’un avenir meilleur. Établis à Kharkov, ils décidèrent d’y fonder une famille.

Je nais donc en Ukraine en 1995, je suis afro-ukrainian. Je comprends très vite que la pigmentation de ma peau ne fait pas vraiment couleur locale. Agressions verbales, injures raciale, harcèlements financiers, arnaques sont mon lot quotidien. Et pour me fondre parmi les autres, tel un petit Ukrainien modèle, j’apprends les danses folkloriques ukrainiennes, souvent d’origine cosaque, comme le gopak.

Le gopak, du mot « sauter », est une figure virtuose, guerrière, censée symboliser l’audace, la force et la hardiesse du peuple ukrainien. J’incarne avec fierté la grandeur du peuple ukrainien. Je croise par hasard la street et j’y trouve une libération jubilatoire. Mon corps s’engouffre avec plaisir dans ce nouveau langage, aux accents familiers, si en adéquation avec cette colère sourde que je m’efforce sans cesse de contenir sans que jamais il n’y paraisse. Je me forge une carapace face aux sarcasmes incessants, pour pleinement donner vie à mon corps tout aussi macaque soit-il, m’approprier le temps et l’espace, faire sortir la rage qui s’amplifie au fil des ans.

Suite à des actes de violence, de chantage et de diffamation, interdit de danse, je m’enfuis avec ma sœur en France, avec une identité de nouveau difficile à porter. Comment pourrais-je être ukrainien avec une face d’Africain ? Je suis de nouveau « déplacé ».

En France, je retrouve la danse de mes origines, celles que l’on dansait aux fêtes entre Africains, pour communier avec nos origines et la terre de nos ancêtres. Cette terre, je ne l’ai jamais vue. Pourtant, je la porte en moi. J’explore la transe, je redécouvre ces danses d’une façon différente, je décompose les mouvements, je me mets à en comprendre les structures et les fondements, à me sentir autrement.

Ces trois danses sont les miennes. Je veux travailler à la chorégraphie de leur symbiose, trouver comment le mouvement de l’une peut engendrer le mouvement de l’autre, comment elles peuvent s’interpénétrer et s’hybrider.

 

biographies

Cleve Nitoumbi
Né en 1995 à Kharkov en Ukraine, Cleve Nitoumbi est danseur et chorégraphe. À l’âge de 10 ans, il débute les danses traditionnelles ukrainiennes, le classique et le contemporain, puis découvre le hip-hop, le dancehall et le street jazz. Il signe des performances, participe à des concours et festivals, donne des cours de danse urbaine. Victime de discrimination ethnique (ses parents sont d’origine congolaise), il quitte l’Ukraine en 2017 pour la France. Il danse pour Thierry Thieû Niang (Va voir là-bas si j’y suis) et Kevin Kimbengui (Non, je ne prendrais pas la Méditerranée), enseigne au Studio MRG. Il est membre de l’atelier des artistes en exil.

DJ Ketchup Afro
Né en 1990 à Louanda, en Angola, DJ Ketchup Afro, de son vrai nom Nelson Pessoa, est DJ. En 2005, il apprend à mixer en autodidacte et joue avec l’aide d’un ami producteur. Très vite, il s’affirme à l’international (Espagne, Portugal, Mozambique, Brésil, Guinée, Afrique du Sud, France, États-Unis, Royaume-Uni). En 2016, il présente son propre programme de musique, Tchila, à la télévision angolaise TPA Canal 2, puis travaille en 2018 en tant que technicien son et DJ aux radios angolaises MFM et Radio Mais. Arrivé en France en 2019, il est membre de l’atelier des artistes en exil.

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