Agata Maszkiewicz — Remplacement

https://agatamaszkiewicz.com/

  • du 08 Octobre 2018 au 21 Octobre 2018
  • du 22 Juillet 2019 au 04 Août 2019

« Mon premier vrai travail dans le champ de la danse a été de remplacer quelqu’un. On m’a demandé de reprendre l’ensemble de la partition créée pour et par celle qui m’avait précédée. J’ai joué cette pièce pendant plus de trois ans et l’impression d’être hantée par quelqu’un d’autre ne m’a jamais quitté.

Plusieurs remplacements plus tard, il m’est arrivé de devoir reprendre le rôle d’une danseuse dans une de mes propres pièces. Encore une fois j’ai eu à « pirater » le matériel créé pour et par quelqu’un d’autre et à le retailler à ma mesure… Ce qui a été pour moi le plus intéressant, c’est que grace à ce remplacement j’ai finalement compris comment la pièce fonctionnait. C’était comme si, en la jouant moi-même, j’étais soudain équipée d’un interface de réalité augmentée.

Enfin, il y a un mois, j’ai rencontré un vieil ami, Olivier Normand, que je n’avais pas vu depuis longtemps. On a parlé et il me dit qu’il a écrit un texte il y a quelques années pour raconter son expérience dans Tempo 76 de Mathilde Monnier où il avait remplacé successivement quatre danseurs différents. Il m’a envoyé ce texte, et après l’avoir lu, il était clair que nous devions faire ce projet ensemble.

Une petite idée avait commencé à germer dans mon esprit…

D’un côté « remplacer » veut dire prendre en considération une perspective plus large, un cadre plus large : pour s’insérer dans l’image, réduire son égo, accepter d’être un élément d’un tout et non le centre. Il faut accepter de ne pas être irremplaçable. Il faut être prêt à coopérer, à travailler collectivement, jouer ensemble… Ce sont des qualités qui ont tendance à se perdre aujourd’hui…

Mais il y a un revers à la médaille.

Le remplacement peut provoquer de la gène et des doutes. En anglais on parle d’un sentiment « uncanny » c’est à dire un trouble provoqué par le reflet de quelque chose qui est tellement proche mais différent. Car si tout et chacun est remplaçable, qu’advient-il à celui ou celle qui est remplacée ?  Sommes-nous des variables d’ajustements ?

A La Métive, avec Olivier Normand et peut-être avec l’aide des autres sur place, je voudrais commencer à  mettre toutes ces questions en pratique. »

Agata Maszkiewicz, Avril 2018

Agata Maszkiewicz est chorégraphe, performeuse et danseuse. Sa formation professionnelle s’étend de l’Institute of Dance Arts at the Anton Bruckner Privatuniversitaet (Master of Arts M.A.) jusqu’au CCN de Montpellier/ex.er.ce07 sous la tutelle de Mathilde Monnier et Xavier Le Roy.  Avant, elle a étudié les Sciences Sociales Appliquées à l’Université de Varsovie.

Elle a été boursière du DanceWeb 2006 scolarship program. Elle travaille, entre autres, avec le collectif Superamas (Vive l’Armée, You dream, Big 3 happy/end, Casino), Ivana Muller (60 minutes of opportunism). Depuis 2008 elle crée ses propres pièces : installation Snowflakes, solo POLSKA, performance Don Kiewicz & Sanczo Waniec et Duel (soutenue par le MODUL DANCE program). Elle a collaboré avec Anne Juren, Marian Baillot et Alix Eynaudi sur la pièce Komposition. Avec Alix Eynaudi, elle a crée la performance vidéo The Visitants et la pièce Long long short long short. Actuellement, Agata est artist associée à l’Avant-Scène Cognac qui produit STILL LIFE, sa dernière création.

Olivier Normand, danseur, chorégraphe, comédien, chanteur. Après des études de Lettres Modernes, il se forme à la danse contemporaine dans le cadre du programme ex.e.r.ce (dir. Mathilde Monnier et Xavier Le Roy) au Centre Chorégraphique National de Montpellier, et du programme Transforme à l’Abbaye de Royaumont (dir. Myriam Gourfink). Il se forme également au jeu théâtral et au chant lyrique dans le cadre des Conservatoires Régionaux de Montpellier. Depuis 2007, il est interprète, entre autres, pour Mathilde Monnier, Alain Buffard, Fanny de Chaillé, Béatrice Massin, Joris Lacoste, Bruno Geslin, Lorenzo de Angelis et Emilie Rousset. En 2009 il a réalisé à l’Université Paris 8 un mémoire de Master intitulé « Le saut de Nijinski : un essai d’élucidation ». Il signe également des pièces, à forte dimension musicale, ICI (avec Mylène Benoit), puis L’Artificier et Récital.