En résidence du 5 au 26 septembre 2022, du 6 au 16 juin, du 28 août au 3 septembre et du 16 au 29 octobre 2023

 

« C’est dans le passage du filage à l’acte d’étirer un fil d’un point à un autre que se trouve la “charnière“ entre le mouvement corporel et la raison abstraite, entre la textilique et l’architectonique, entre le tactile et l’optique, entre l’improvisation et l’abduction, et entre le devenir et l’être. Il se peut que la clé de l’ontologie de la fabrication doive être recherchée dans la longueur d’une ficelle. »

Tim Ingold, Marcher avec les Dragons, 2013.

 

La recherche que je mènerai à La Métive s’inscrit dans la continuité d’un travail autour des pratiques textiles et tinctoriales, amorcé en 2020. Tricoteuse “domestique“ depuis quelques années, et motivée par la nécessité d’adopter une pratique artistique lente et autonome, j’ai entrepris une recherche autour du fil et du geste textile, traversée par la question du végétal. Ainsi, mon travail From Sting to Spin, explore la fabrication de laine d’ortie, et Nuancier : tentative de capture de la symbiose, est une recherche visant à établir un nuancier tissé à partir de laines teintes avec différentes espèces de lichens.

À La Métive, je poursuivrai mon travail de tissage avec les “laines-lichens“, en m’intéressant notamment à la notion de patch, et tenterai d’approfondir ma méthode de production de laine d’ortie.

Avec cette recherche, il s’agit de raconter une collaboration avec le matériau, et d’expérimenter tous les processus de transformation et de préparation du fil : cueillette, cardage, filage, teinture, tissage…

Les pièces ainsi fabriquées constituent des témoignages textiles, une forme de documentation du geste et d’une relation particulière au vivant.

Nuancier. Tentative de capture de la symbiose / laine de mérinos teintée aux lichens, tissage / 30 carrés de 12×12 cm / 2020- en cours

 

BIOGRAPHIE & DÉMARCHE

Louise Deltrieux est née en 1986 à Aix-en-Provence. Artiste-chercheuse, elle est  diplômée de l’ENSBA Paris et titulaire d’un DSRA.

Ses travaux explorent nos rapports au vivant et leurs différents modes d’activation :  pistage, primatologie, ornithologie urbaine, imaginaires du sauvage, cohabitations lupines, écoactivisme, vie en autonomie, collapsologie, ou encore cueillette et symbiose.

Dès son diplôme à l’ENSBA Paris en 2011, elle s’intéresse à l’éthologie et aux rapports humain/non humain à travers différents projets. Elle glisse alors d’une pratique de  sculpture vers la réalisation de films documentaires, en menant des recherches sur le phénomène de l’écoterrorisme aux États-Unis au début des années 2000, et le courant anti-civilisationniste. Elle se rend à Eugene, Oregon, en 2015, pour y filmer des activistes environnementaux (No Tree Will Fall). La même année, en résidence sur
Malcolm Island, une île isolée de la côte ouest canadienne, elle engage le tournage d’un film sur des personnes vivant off-the-grid (Welcome Home).

Entre 2016 et 2020 elle a travaillé sur un projet de recherche autour de la collapsologie et son pouvoir d’attraction dans le cadre du programme “Document & Art Contemporain“ (EESI & ENSA Bourges), qui a abouti à un essai animé mêlant documentaire et autobiographie sur les cheminements possibles face aux théories de l’effondrement (PATCHING TOPIAS), présenté au FIDMarseille 2021.

Tout en conservant une pratique filmique – voire proto-filmique avec des expérimentations de captures végétales (la Caméra-Plante) – elle s’intéresse en ce moment aux pratiques textiles et tinctoriales, et aux relations au monde que celles-ci peuvent engendrer.

Elle a pu développer son travail au sein de plusieurs résidences en France (White Mountain College Institute – Beaux-Arts de Marseille, Réseau Altitudes – Esaaa, La Générale à Paris) et à l’étranger (Canada). Ses films ont été présentés dans différentes institutions (MAC Lyon, Palais de Tokyo, Musée de la Chasse & de la Nature), ainsi que dans des festivals français et internationaux (FIDMarseille, Images Mouvementées, Figueira Film Art Festival, Oregon Coast Film Festival)

 

Vue d’une mise en espace de recherches gestuelles et textuelles autour de la fibre d’ortie à l’occasion du White Mountain Weekend, restitution du programme White Mountain College Summer Institute, un projet labellisé Manifesta 13 dans le cadre des Parallèles du Sud, avec le soutien de la Région Sud, de la DRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur, et en partenariat avec Triangle France-Astérides / 2020