Laurent Pichaud se forme à la danse contemporaine dans les années 1990 et écrit sa première pièce, un trio, en 1996. Parallèlement il obtient un DEA en histoire de l’art sur le thème ’Mémoire de la Shoah à travers l’art contemporain’. En 2000, engagé sur l’écriture de sa quatrième pièce, il choisit d’interroger frontalement la question des codes scéniques et présente une « chorégraphie invisible », écho anticipé, pièce charnière à partir de laquelle il abandonnera les décors, musique, lumières du genre spectaculaire pour se concentrer sur l’invention de vocabulaires et les modalités d’adresse au spectateur. Les processus qu’il initie usent de consignes à la fois improbables et suggestives qui tendent à assigner l’interprète à son présent, à le couper de la répétition ou de l’effet prévisible, tout en l’impliquant dans une structure et un propos définis. Ses projets hors théâtres, de par la confrontation à la charge sociale, émotive voire esthétique des lieux choisis, sont un moyen privilégié d’arrimer l’écriture au présent, et de tenter de mettre en correspondance le vécu de l’interprète avec celui du spectateur.
Ses dernières créations
Feignant (Montpellierdanse 02)
Fer terre, image d’un lieu-duo (Villa Gillet, Lyon 03)
Référentiel bondissant, pour gymnase (Les Subsistances, Lyon 05)
Visites guidées, pour musée et salle d’exposition (Carré d’art, Nîmes 03, 05, 06 ; Musée Fabre, Montpellier 04,07)
Atitré, deux sujets à interprétation (Montpellierdanse 07)
Interprète dans ses propres pièces, il l’est également pour d’autres chorégraphes. Il a récemment travaillé avec Martine Pisani, les Carnets Bagouet, le metteur en scène Benoît Bradel.
Il répond également à des invitations chorégraphiques dont récemment celles d’Alain Buffard, Alain Michard, Latifa Laâbissi.
En 2006, il participe au projet de créations dirigé par Deborah Hay axé sur la transmission de son solo room ; il est ainsi interprète de la pièce de groupe ’O,O’ et crée dans la continuité sa propre adaptation du solo : pu (CND, nov.06)
Projet en résidence à la Métive :
Automne 2007
Une place pour monuments-aux-morts / un projet in situ, pour monuments-aux-morts au carrefour de nos imaginaires civils et privés.
« Mon nom » s’écrira avec nos corps et codes quotidiens, les altèrera, un peu, l’écart juste pour en marquer les identités singulières, au rebours d’une anonyme mémoire collective.
Dans le temps réel, quatre heures et plus durant, du jour à la nuit, mon nom convoquera ou non ses spectateurs, arrêtera ou non le passant : passant usager d’un monument, ou passant s’éprouvant spectateur …à son gré.
Et d’abord documenter, mesurer , pratiquer un monument-aux-morts.
Le monument – œuvre. C’est à l’issue de la première guerre mondiale, que les premiers monuments-aux-morts apparaissent. les municipalités prennent en charge leur commande et le financement s’effectue par souscription. la facture peut être artistique ou artisanale, guidée par un simple choix iconographique ou inscrite dans un plan urbanistique. Nous considérons ici, le monument-aux-morts en tant qu’objet, nous l’isolons de son contexte et considérons son statut : ainsi isolé reste-t-il ou devient – il une œuvre d’art ? Comment s’opère le changement de perception ?
L’espace urbain. Le monument-aux-morts est soumis aux différents aléas de l’espace urbain. Isolé, à l’écart des circulations, confondu dans un lieu de passage ou mis en exergue sur une place, son positionnement conditionne sa perception (ou non-perception). Nous choisissons d’expérimenter cette question au moyen des jeux de lumières : rythmes lumineux, études des rapports lumières naturelles et lumières artificielles nous permettant de modifier les caractéristiques du lieu.
Nos codes civils. Le monument-aux-morts nous apparaît comme un lieu de superposition des espaces public et privé. sa perception obéit à des codes sociétaux, mais il atteint tout aussi bien l’individu en tant qu’inscrit dans une lignée et porteur d’un Nom. on touche là à l’origine du monument-aux-morts et au fonctionnement même des codes reposant sur une dimension mémorielle et historique (les codes cérémoniels en sont l’exemple le plus ’visible’ ). De notre point de vue chorégraphique nous nous intéresserons à ces codes en tant qu’ils sont aussi des codes de représentation civile, nous examinerons leur mode de fonctionnement en regard des codes de représentation scénique.
Chercher, répéter en extérieur, ’à vue’. De fait, toutes nos sessions de répétition seront publiques. La présence des passants, de façon générale l’intégration de et dans la vie citadine est une donnée constituante du projet. L’échange avec ’le public’ – au gré du rythme citadin ou organisé, sera favorisé et envisagé comme une séquence de travail à part entière.
Les répétitions débutent en octobre 2007 dans la Creuse en partenariat avec la Métive. elles se poursuivront à Montpellier avec le CCN, Montpellier, puis en partenariat avec le théâtre de Clermont-l’hérault, le Vivat d’Armentières…
La création est prévue au printemps 2009.
Le projet rassemble 7 artistes chorégraphiques ou plasticiens :