Sur une proposition de la Galerie des marches à Aubusson, La Métive vous accueille pour un temps d’échanges et de discussions avec l’essayiste Jean-François Serres, auteur de Solitude – dialogue sur l’engagement & Engageons-nous en fraternité aux Éditions Le Pommier, le vendredi 9 mars à 19h00.
Notre société a perdu sa joie de vivre. La faute à l’économie ? Au contexte sécuritaire actuel ? Non, l’« ennemi » ne vient pas de l’extérieur. C’est nous qui sapons les bases même de notre société, en nous isolant les uns des autres, alors que nous sommes, fondamentalement, des êtres de relations. Les pauvres, les faibles sont en première ligne mais ne nous leurrons pas : nous subissons tous cet appauvrissement relationnel. C’est parce que ce socle de relations s’est appauvri que notre société s’affaisse. Nous ne sommes pas seulement attaqués, nous sommes fragilisés. Une société dont les membres cultivent le vivre-ensemble, l’entraide, traverse mieux les crises, les difficultés passagères. Il est loin le temps où l’on se rendait visite, où l’on riait ensemble, où les portes étaient ouvertes. Même si cela devient urgent, il n’est heureusement pas trop tard pour les rouvrir. Et ce n’est pas insurmontable.
En 2015, Jean-François Serres est co-auteur d’un livre d’entretien avec son père, le philosophe & membre de l’Académie Française Michel Serres ; intitulée Solitude – dialogue sur l’engagement cette conversation intergénérationnelle les mène tous deux à tenter de comprendre comment notre société, marquée par une individualisation qui nous a libérés de nombreux enfermements, est aussi porteuse d’un risque majeur, celui de la solitude, en particulier pour les personnes âgées. À travers cet échange émerge la possibilité d’une nouvelle forme d’engagement qui s’incarnerait en initiatives citoyennes locales, diverses et collectives, pouvant bouleverser les modes d’intervention sociale, les organisations, la place des institutions et renouveler le fait politique. En 2017, Jean-François Serres signe ensuite l’essai Engageons-nous en fraternité, ouvrage manifeste qui souligne ce qu’est un engagement « à taille humaine », ce que signifie « retisser les liens », de proche en proche, tout en esquissant les contours d’une vraie politique sociale, de lutte contre la fragilisation d’un socle sociétal fondamental qui permettrait à la fraternité de notre devise républicaine de prendre réellement son sens face à la menace d’appauvrissement relationnel qui pèse sur chacun, au-delà même des difficultés économiques ou du contexte sécuritaire actuel.
Après huit années mobilisé dans les quartiers sensibles au sein d’Emmaüs Habitat comme responsable en Seine Saint-Denis (1995-2003), Jean-François Serres rejoint les Petits Frères des Pauvres pour y exercer les fonctions de délégué général jusqu’en juin 2016 (chargé du projet « Vivre vieux mais vivre mieux dans les zones urbaines sensibles » puis du projet associatif national « Ensemble vers les plus pauvres »). Il est ensuite à l’origine de la « mobilisation nationale contre l’isolement social des personnes âgées / Monalisa », dispositif dont il est aujourd’hui le référent national. Vice-président du Mouvement associatif, il y représente l’Union Interfédérale des Œuvres et des Organismes Privés Sanitaires et Sociaux (UNIOPSS) ; il siège également à la section des affaires sociales et de la santé du Conseil Économique Social et Environnemental (membre au titre de la cohésion sociale et territoriale et de la vie associative), ainsi qu’à la délégation à la prospective et à l’évaluation des politiques publiques. Avec une mandature de 2015 à 2020, Jean-François Serres a notamment confirmé une expertise à l’humanisme innovant comme rapporteur auprès de l’Assemblée Nationale au printemps 2017.
