Rencontre avec l’artiste Blaise Mangitukulu à la Métive
Rencontre avec l’artiste Blaise Mangitukulu, le mardi 23 septembre 2025 à 19h à la Métive. Évènement suivi d’un temps d’échange au café associatif de la Métive.
En résidence à la Métive du 18 au 29 septembre 2025.
Né en 1994 à Kisangani en République Démocratique du Congo, Blaise Mangitukulu est danseur et chorégraphe. Il est élu deux fois champion du Boyoma-Art (battle de la rue et chorégraphie) dans Danckis. Fondateur de la compagnie Ecoda, interprète et chorégraphe de Fire Dance Company, il explore les liens entre la danse contemporaine, la danse urbaine et les traditions africaines. Il est initié à la danse contemporaine au sein du Studio Kabako à Kisangani avec Faustin Linyekula et se forme et collabore avec nombreux chorégraphes, Anne Nguyen, Wesley Ruzibiza, Kettly Noël, Jacques Bana Yanga, Vincent Harisdo, David Ilari, Abdul Abdanger, Simon Mayer, Merlin Nyakem et Amy Miller. Il participe à des festivals et résidences en Afrique de l’Est et en Europe. Il réalise le solo Kivuvu dans le cadre de Transition – Enter Communities of Body à Athènes. Il enseigne la danse à Bukavu et contribue à l’organisation Sada Festival et à la programmation des Rencontres chorégraphiques du Grand lac, RD Congo. Il arrive en France dans le cadre d’Afrika 2020 et du festival Génération A au Théâtre Paris Villette à l’occasion du spectacle East African Bolero de Wesley Ruzibiza & Vincent Harisdo. Il est lauréat du festival Tobina en 2023 pour Briser les monstres. Il est membre de l’atelier des artistes en exil. Il est invité à l’édition 2024 de Camping au Centre national de la danse et performe durant le festival Visions d’Exil 2024 à POUSH dans On s’adapte (création collective). En décembre 2024, il présente Contre la mort, contre l’oubli au Centre Chorégraphique de Strasbourg, dans le cadre de la thématique Nô Sex : Intrinsèque, Migration, Captation.
Contre la mort, contre l’oubli
Ce solo est une révolte, une revendication, un cri. Il appelle à se souvenir, à ne pas laisser l’oubli effacer les souffrances et les luttes passées.
Blaise Mangitukulu n’avait que quatre ans lorsque la guerre éclata, un lundi matin, le 5 juin 2000, entre 9 et 10 heures. Ce matin-là, alors qu’il était à l’école, le premier obus frappa la ville. Ce n’était qu’un début, un incident presque anodin. Mais ce fut le prélude à 9 999 obus qui s’abattirent sur Kisangani, une ville martyre qui, après la guerre, se retrouva abandonnée à elle- même, sans soutien, ni de la part des autorités locales, ni de la communauté internationale. La situation devint rapidement invivable. Une fois les troupes parties, les habitants se retrouvèrent seuls, ignorés par les pouvoirs en place et par les médias.
La guerre des Six Jours se déroula au cœur de la 2e guerre du Congo, dans la ville de Kisangani, théâtre d’affrontements sanglants entre les armées rwandaises et ougandaises. Ces combats violents anéantirent la population
locale, tuant plus de 1000 personnes et blessant plus de 3000 autres, principalement parmi les civils. La ville, privée de toute aide, porte encore aujourd’hui, plus de vingt ans après, les stigmates des horreurs vécues.
Mon identité et ma culture ont été éclipsées, prises dans ces obus et ces flammes. Refusées, niées par ces deux armées étrangères qui se sont battues sur ma terre. Par mon propre pays, qui n’est pas intervenu.
Ce solo, porté par Blaise Mangitukulu, s’élève contre l’oubli et le silence qui entourent cet événement tragique. C’est une danse de mémoire, une lutte pour rétablir ce qui a été tu, pour rendre hommage à des vies anéanties et à des souffrances inconnues. À travers sa chorégraphie, il raconte le quotidien brisé, les deuils, les douleurs de celleux qui ont vécu cette guerre et qui, longtemps après, en portent encore les cicatrices.
L’artiste dénonce l’absurdité de la guerre et de ses morts, fruits d’une volonté de contrôler la région et d’en exploiter les richesses, au prix dusang et de vies humaines.
La mémoire de ce peuple doit demeurer dans nos corps, dans nos âmes et dans nos descendances. C’est ainsi que sera préservée notre histoire, aujourd’hui, demain, et de génération en génération.
chorégraphie et danse Blaise Mangitukulu, musique Wassily Bosch
scénographie et costumes Tickson Mbuyi
production l’atelier des artistes en exil
avec le soutien de Manège, Scène Nationale de Reims ; Ballet de Danse Physique Contemporaine
& le Centre national chorégraphique de Strasbourg ; La Pratique, AFA de l’Indre, Résidanses
pluridisciplinaires.


